dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg

26 ¦ 07 ¦ 2019
Habitat intercalaire

L'édito du poète

26 ¦ 07 ¦ 2019 · Habitat intercalaire La maison, ce chantier en continu
En questionnement L'arrivée dans le lieu, le chantier participatif, les travaux autour du lieu.
Illustration Personnage en papier maché fabriqué par Noun – Cour de l’Odylus, novembre 2019
Auteur·e·s Sébastien, membre d’Horizome, fédérateur artistique du projet entre avril et août 2019

↘ Oui. L’Odylus se fraye un chemin.

C’est vrai, on a l’impression d’avancer avec des tournevis (on n’a pas de machette) dans la brousse de juillet. Les cerveaux mijotent à feu doux, on essaie de comprendre ce qu’on fait là — au jour le jour, je veux dire — et qu’est-ce que ça veut dire : faire quelque chose tous ensemble, être à l’écoute et avancer à coup de peinture, d’enduit, d’éclat de bois ou de rire, de pétanque, de café, de musique, d’absurde, d’ateliers, de mots et d’images, de café encore, de marionnettes en papier, de photos couleur, de dolmas (feuilles de vigne), de pierogi, de samoussas, de banc dehors, de coups de gueule, de post-it, de Ça va ? Ça va mieux ? Oui. Ça va mieux. Et toi ? Oui c’est vrai, ça, Et toi ? Et qu’est-ce que ça veut dire : aller bien ?

C’est vrai, ce n’est pas évident tous les jours de vivre au milieu des grues (si seulement, c’était des oiseaux…).

C’est vrai, on est là pour pas longtemps. Le temps nous est compté. Oui. Mais c’est le cas de tout le monde, non ?

C’est vrai, ça fait beaucoup de visages, de noms, à retenir, à prononcer. À appeler : Allez, descends ! Viens chanter une petite chanson, juste une ! Allez !

C’est vrai, on a envie d’en parler à tout le monde, au « tout Strasbourg », parce qu’on se dit que c’est grand, inédit, inouï aussi. Et qu’on touche du doigt un truc important, hypersensible, qui réagit, qui respire, en plein cœur du Neudorf. Caché, mais bien là.

Oui, c’est vrai, des fois, on trouve ça irréel !

Les gens me demandent : c’est quoi, l’Odylus ?

Quand je veux faire le malin ou de la poésie, je dis : C’est un bateau. Un cargo remplit d’envies et de trucs salés à manger.

Quand je parle sans réfléchir, je dis : C’est le lieu où je passe mes semaines, c’est ce qui me retient à Strasbourg (alors que les vacances chantent le sud et que le farniente s’impose comme la plus belle des religions).

Et quand je réfléchis deux secondes, je dis : Ce n’est pas simple à expliquer en quelques mots. Viens voir.

Oui. Et je n’ai pas souvent envie de réfléchir deux secondes de plus.

Je pense que venirvoir est un joli verbe à rajouter dans les dicos. Je me dis, oui, que les gens seraient assez étonnés de découvrir tout ce qui se passe ici. S’ils venaientvoir… ils seraient, comme nous, oui, plutôt épatés de voir venir tout ce qui nous arrive ici. Et comment L’Odylus fraye son chemin. Oui. ↙